Mercredi 29 janvier - 19h
Théâtre du Chien Qui Fume
33 monstres
D’après le texte de Lydia Zinovieva-Annibal
Par la Compagnie du dire-dire
Avec Maija Heiskanen etSophie de Montgolfier
Mise en scène Sophie de Montgolfier
Scénographie Aïcha Sangaré
Création sonore Nicolas Boscovic
Création lumière Guillaume Pissembon
C’est un journal, intime et adressé. Le journal d’une femme. À Véra. Tourmentée par l'idée de la fugacité de la beauté et désireuse de donner au monde son aimée, Véra la fait poser pour trente-trois peintres. Mais les trente-trois portraits adultèrent, rabaissent la beauté du modèle. Si la narratrice est prête aux compromis de la vie, Véra ne les supporte pas. L'art et la vie comme œuvre d'art se détruisent mutuellement.
Il y a les paroles de toutes les femmes chez Véra et chez cette autre femme qui écrit. Il y a l’amante, bien sûr. Il y a la mère et son cri, l’enfant, la jeune enfant. Il y a l’artiste.
Les monstres, figures étrangères du destin, traversés par ces voix les subliment : ils créent sens et spectacle. C’est la rencontre inéluctable entre l’art et la vie. Sur scène aussi. Parce que ce soir, deux comédiennes revivront ces mots, ces lumières et ces regards qui ont déjà vécu. Ivres de vie, elles s’entêtent à oublier la fin annoncée par ce temps de l'écrit, ce lieu du théâtre. Elles marchent vers nous, terriblement.
Comment transcender l'intime, créer depuis ce qui est intérieur et profond, sans en abîmer le secret ?
Lydia Zinovieva, féministe russe, femme excessive et passionnée, écrit une fiction à la 1ère personne pour parler à chacun de cette impossibilité à circonscrire une vie qui échappe forcément. Alors nous nous emparons des clefs et mystères de ce texte de 1907, libres d’y inscrire nos corps et nos histoires, de mettre en jeu nos souvenirs, nos projections et nos chansons.Cette musique vous la connaissez, mais sa couleur a changé, vous l'entendez à nouveau. Les créations sonores de Nicolas Boscovic et la scénographie d'Aïcha Sangaré travaillent sur le souvenir : les matériaux quotidiens, réorchestrés, ouvrent l'espace, déplacent le point de vue. La mise en scène de Sophie de Montgolfier est l’incarnation d’une Véra lointaine qui dirige, les yeux fermés mais contrainte au présent, aimante mais ridicule.
Et, tout près de vous, Maija Heiskanen est cette comédienne qui va tenter d'échapper à ce livre, d'échapper à cette Vera aimante et ridicule, d'échapper à ce monde de masques morts. Par vos yeux, vos yeux de monstres. 33 monstres cherche cet endroit imperceptible, fugace et dangereux : la frontière entre le réel et le vrai. Il faut que Véra s’inscrive toute entière dans la vie. Mais la vie est vraie et Véra ne voulait pas l’accepter.
Compagnie Dire-dire :
sorte de cornet en cuivre où chacun déverse ses peines et ses joies. [Daniel Danis].
Créée en 2008 à Nice par Elise Clary et Sophie de Montgolfier, la Compagnie du dire-dire est un lieu de rencontre et de création autour d’écritures et de formes contemporaines.En 2009, elle présente Bouli Miro, d’après Fabrice Melquiot, en 2011 Neige, d’après Maxence Fermine au Théâtre de Grasse et au Théâtre national de Nice. Production L’Entre-Pont, Nice / Le Théâtre National de Nice –CDN Nice Côte d’Azur / La Compagnie du dire-dire
Avec l’aide à la création dans le cadre du dispositif CAC de la Région Provence-Alpes Côte d’Azur.
La compagnie est soutenue par la Région Provence-Alpes Côte d’Azur, le Département des Alpes-Maritimes et la Ville de Nice